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Terre du parlement

Où se terre le Parlement?
Notre bavard demi-cercle !
Dans les bois, ou dans les champs ?
Voilà la question du siècle !

Malgré mes allées-venues
Empruntant mon bus journalier
Je suis fort tombé des nues
En découvrant ses beaux quartiers

La façade en pierre grise
Vue aux journal, télévisé
Est, au fond du parc, bien sise
Face au palais blond, rénové

Le bon peuple fait donc face
À la salle du trône, lustrée
Tel une halle de cité basse
Prenant garde au donjon, vouée

Je me suis dit : Allons voir !
Ces rues d’allure Second Empire
Qui bordent bancs et perchoir
D’où pérorent nos élus, Sire !

Eh bien, quel bonheur ce fut
De flâner en ces rues classées !
Où des façades pales, au teint cru
Me toisent, en élégantes ornées

C’est la ville du dix-neuvième
Fier étalage de grands bourgeois
Qui ruine - par ses tantièmes
Moult copropriétaire, ma foi !

Mais, quel doux plaisir des yeux
Que cette pâtisserie de plâtres !
On se croirait au milieu
De moutons de marbre, pâtre !

Des cafés à hauts plafonds
Des brasseries de bonne tenue
Font les délices des plastrons
Des cols blancs, la nuit venue

Les rythmes quasis binaires
Du régiment de fiers pilastres
Scandent par leurs rayures claires
Cherté du noble cadastre

Minces terrasses aux beaux étages
Verdures pendant aux fers tournés
La fonte noire, sévère ramage
Le dispute aux buissons ornés

Alors que la nuit s’éveille
Noyant le soir, je m’y promène
Dans ces promesses de merveilles
Tenues par ces lieux mécènes

Oui, ces rues de taille, de stuc
Ont leurs charmes d’intrigantes
Et les rangées d’arbres caducs
Cisèlent leurs tailles d’élégantes

La Place de la Liberté
Me fait son petit théâtre
Salon viennois ajouré,
Faces d’un Janus bellâtre !

Car, cet hinterland couru
Cache son secret ignoré
Seuls les pandores, les élus
Savent à quoi il est voué

Il me semble que là-bas
Au sein de blocs majestueux
Se trame moult secret d’état
Sous des plafonds somptueux

Mais, voici que je m’égare
En des sentiers un peu risqués
Des panneaux me crient : Gare !
Derrière leurs créneaux barbelés

Donc je continue ma route
Marchant de peur, vers grande fierté
Car notre Belgique, sans doute
Allie sa force à sa beauté

Je retourne d’un martial pas
Vers les vitrines embuées
Qui masquent toutes bons repas
Ripailles bruyantes et enivrées

Moi, je me rappelle, ému
Ces jours de grands soleils d’étés
Où je plongeais mon regard nu
Dans tes yeux de jasmin, aimés

Voilà, pour ma part, le cœur
De ce quartier parlementaire
Un souvenir de quelques heures
A bavarder autour d’un verre…

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