Silence, on vit!
A-t-on pensé
Tout juste une fois
Aux très petits
Qui se meurent?
Nos tours d’acier
Mugissent jour et nuit
Gueulant leur big data
Transperçant leurs mondes
Tous ont fui, atterrés
La vie et les hommes gris
Cisaillés et cuits
Par nos ondes acérées
C’est sous nos vacarmes
5G, 6G, 7G – abonnés innocents
Qu’ils préfèrent mourir
Que survivre, hués
Les antennes hurlent
Et rendent fou à en mourir
Le petit peuple de l’herbe
Des mousses et des terreaux
Car leurs oreilles sont fines
Comme nos sourds rugissements
Vrombissements sans sens
sans harmonie sans forme
Nos savants découvrent
Ce qu’ils avaient couvert :
Un holocauste Terrestre
Soudain, une foule a disparu
Finis chenilles, scarabées
Moustiques, pucerons
Le ciel des soirs est vide
Finie, la danse sur l’herbe moite
Parties salamandres, têtards
Libéllules, vers de terre, papillons
Ils jaillissaient des joncs
Joyeux comme nos bonds d’enfants
Les abeilles et bourdons
N’arrangent plus la noce
Les fleurs, parures des prairies
Ont quitté le tableau
Les mondes se vident
Car les tyrans se gonflent
Les cancers se servent
Dans nos chairs qui saignent
L’air est sale,
Il pue l’alchimie et ses démons
Il est abandonné et morne
Comme une aire de béton
Térabytes tératogènes
Nos sommeils dansent sur ce fil
Tendu comme une lame
Tranchant nos gènes
Les survivants se terrent
Tentures, vitrages et somnifères
Mais la vie nue et sauvage,
S’épuise jour et nuit
Sans cuirasses ni refuge
Nos ondes s’aiguisant
Leur paix s’amenuise
Et vous affutez, affutez vos lames
Tous sont partis, forcés
La mort comme issue et répit
Fuyant la lave invisible
Des forges du lucre
Abattez vos tours
Vautours panoptiques
Et la paix du soir
Repeuplera les nids
Seul Dieu doit tout savoir
Vos boulimies de science
Jalousant le Créateur
Ruinent beauté et espoir
Personne n’en veut
De votre nasse magnétique
Jetez vos filets, vos stridances
Sur vos cranes avides
Sur terre, tout était vivant
Œuvre de l’Éternel
Vos maux et remèdes
Chaine de pièges sans fin
La nuit qui nous réparait
A rétréci sous les coups
De l’horloge des banquiers
Et les rues forcent nos pas
Mais, vous voulez vider la terre
Effacer vos bétails marqués, enchainés
Terminer vos mondes envoutés
Faire place nette, pour vos esclaves d’acier