Printemps Lointains
Une plaine mauve, vaste comme la paume
De la main de Dieu offerte au vent
Seigneur ! As-tu tendu ce lit de chaumes ?
Est-ce ton cœur qui en moi bat, si lent ?
Des forêts allant boire au fleuves dormants
En tons de vert profonds comme ma nuit
Un lac bleu se repose en un arc charmant
À ma droite, il m’invite en riant, et luit !
Aux rives en herbe, des maison me sourient
Habillées de couleurs, comme pour se marier
Des gerbes de baies rouges à peine mûries
Penchent vers des potagers aux parfums oubliés
Les abeilles oublient le soir qui vient, vite !
Ivres de soleil et des fleurs qui dansent au jour
Elles chantent au loin leurs verset si bien,
De leurs ruches cachées, vers l’astre d’Amour
La résine rousse souligne les coupes d’artisans
Aux frontons ouvragés des chapelles de bois brun
Qui disputent aux ronces leur boueux pan
D’une berge qui verse au fleuve le hameau éteint
Ma barge rouge passe, sans mot, prière ni salut
Aux éclats de ciel jetés depuis leurs coupoles d’or
Ces clins d’œil de Dieu me réchauffent : un baiser
Que j’oserais lancer vers cette jeune femme qui dort ?
Ses joues brillent comme des rubis, fiers et ingrats
Des regards fuyants que je lance à cette reine
Non ! je ne fais que passer moi, et ma barbe grise déjà
Mon automne tarde, son printemps fleurit à peine…