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Parmi les foins

Par bois et par champs, lièvres
Nous nous serions sauvés
Nos mains moites de fièvres
Rougies d’amours rêvés

On suivrait ce chemin, épris
Trahissant le bitume sélin
Le gravier des campagnes, ocre et gris
Mordrait nos pieds félins

Les paradis verts sombres
Fendraient leurs lourdes ombres
Et le ciel, un instant triomphant
Nous écraserait, de lumière blanc

Étonnés de nos joies, si fortes
On aurait ralenti, un peu
Le temps d’ouvrir grande, la porte
De champs clairs, bienheureux

En haut, sur la colline jaune
Tour de Babel en ses foins dorés
Attendrait la grande meule, ses faunes
Et on s’y serait follement jetés

J’aurais, le cœur en folie
Attardé mon regard en secret
Sur les courbes que ta robe fleurie
Me dirait par ses monts discrets

Ton rire, le seul chant de mon cœur
Aurait adoubé cet aveu, rouge de désir
Et j’aurais peut-être osé, passé la peur
Porter mes yeux vers les tiens, s’y tenir

Car c’est dans ce moment, te dis-je en vérité
Que notre amour se serait fait, victoire !
Balançant du néant, vers ce bleu d’éternité
Et le ciel aurait béni, et chéri notre Histoire

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