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Ouvriers de la première heure
Justement, voici la benne
Béante de sucs fétides
En ses mâchoires d’acier
Puant l’hier putride
Ce sont les poubelliers
Ces moines en tenue vive, pressés
Qui des seuils, des paliers
Arrachent mille sacs éventrés
Ils sont les seuls à saluer
D’un geste usé par leur labeur
Mon frac, et mon cabas usé
Mon carton, de si bonne heure !
A cet égard modeste
J’aime répondre, engourdi
A peine plus pauvre qu’eux-mêmes
Les lundis et jeudis
Car ce sont jours fastes
Pour nous, les délaissés
Fouillant agapes néfastes
Rats, chiens, hommes affamés
On jette, on abandonne
Le surplus chute, sans fin !
Des banquets ou l’on tonne
Contre les crève-la-faim
Et moi, je ramasse
Ces délices tavelés
De tares et de crasse
Qu’il faudra bien… manger
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