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Marchands d’humeur

Ils y savent dire
Les vendeurs de morose
La mine grise
Fanant jusqu’aux roses

Ils vous savent
Le pantone du ciel
S’il est encore bleu
Demain il fera fiel

Ils annoncent
Que tantôt sera
Pire que là tout de suite
La boucle est redite

Fait-il clair Ici ?
Ils vous préviennent
Que Là-bas la nuit
Est en passe de gagner

Le lait d’un sein ?
Découvert poison !
Le laid, le saint
Invertis à foison

Les fleurs des champs ?
Ruine des récoltes !
Plus de poisons
Matera nos révoltes

L’oiseau en l’air ?
Obstrue les ondes !
Un p’tit coup de chaud…
le chant s’écrasera

.
Alors, moi : c’est fait
Je décoche mes cases
J’opte out et je sors
De leurs camps de vision

J’éteins le rouleau
Serti de mes maux
Leurs lois bileuses
Me tiraient en enfer

Je tire la prise
Et le filet à data
Se crève, et me vomit :
Retour à l’inconnu

L’inconnu,
la divine surprise
Aux marges des lois
D’un univers riant
pas si mal foutu :

Des clarières d’humour
Où Dieu rit en douce
Des vendeurs de bile noire
Des vessies en feu

Pour une pierre lancée
Mille baisers posés
Pour un tir réussi
Mille berceaux décorés

Et quand le malheur passe
Courbé sous la bile en solde
Dieu met sa cape en berne
D’un rire, d’une larme, console

Déjà, à travers les pavés
Martelés de bottes
Éreintés de slogans
Une pousse maigre s’élance

Si tu laisses l’avorton
Joker impromptu de la terre
Si ton pied l’épargne
Ses racines fendront

Un vieux jour de joie,
en des cris de lumière
L’ordre soudé des pierres
Et l’eau claire, rejaillira

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