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Les villages vides

Je goûterai au regret
De la cendre froide
Car je n’ai pas osé
M’offrir pour la vie

Toi aussi tu tomberas
Comme la branche morte
Pour des fruits greffés
Qui t’ont dévoré

Nous tous nous glissons
Vers ce temps sans suite
Ou nous irons seuls
Fermer notre porte

Les cris de la fête
Ne seront pas les nôtres
La maison d’enfance
Vendue au rabais

Un souvenir distant
Fermera la marche
De mort en morts
Nos pas hésitant

On nous avait promis
Trop de choses futiles
Sauf la soif et l’eau
De nos propres racines

On a laissé aux autres
Le bonheur et la joie
Payé trop de temps
A se faire pardonner

D’une injustice à l’autre
Des mots faux ont régné
Tailladé les seins
Où germait notre espoir

Et les marchands de mort
Ont festoyé sur ta perte
Se riant de toi et moi
En leurs orients repus

On compte et on veille
A ton désespoir
On dresse l’anathème
En guise de barreaux

Mais moi je brise
Mes chaînes lâches
Et je veux te crier
Malgré cette nuit

Je t’écris depuis le futur
Que tu ne te perdes
En ce présent malade,
A te vouer à l’abîme

Ose penser ce mot :
J’ai le droit d’être !
Loin des jours sombres
Vers l’infini

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