Les Pitiés Dernières
Il est écrit
Que ceux qui tomberont
Dans les affres de l’enfer
Y tomberont par oubli,
Par négligence, désintérêt, omission,
Par mépris.
Oubli dans sa famine
De celui qui avait faim
Négligence dans sa sècheresse
De celui qui avait soif
Désintérêt de qui dans sa gène
Était resté nu
Omission de voir qui souffrait
Sur son lit de solitude
Mépris du criminel enchaîné
Qui ne méritait pas visite
Était-ce cela ?
La seule des pitiés
Qui fera jugement et tri entre nous?
Le paradis est-il une fête à présent ?
Un banquet au grand complet ?
N’y a-t-il pas
Au fond des enfers
Un père oublieux
qui gémit sa mémoire?
Une mère lasse
qui pleure sa négligence ?
Un fils gêné
Qui regrette?
Un frère, une sœur distraits
Qui s’en veulent de leurs actes manqués ?
Un enfant qui a honte
D’avoir haï son père ?
Alors, Seigneur, dis-nous aussi
D’espérer, de prier, de pleurer
Pour leur sortie des enfers !
Car peut-être au ciel,
Au paradis joyeux
Il y a encore des nuits
Où des jours gris de pluie
Où un fils avisé
Qui a bien nourri l’affamé
N’oublie pas son père qui gémit ?
Où une fille attentionnée
Qui a tant versé à l’assoiffé
Ne se lasse pas de pleurer sa mère ?
Ou un père dans sa tendresse
Qui a volontiers vêtu le démuni
N’oublie pas les remords de son fils ?
Des fratries et sororités sages
Qui ont visité leurs vieux
S’en veulent pour leurs amis manquants ?
Des parents pleins d’amour
Qui ont visité leur enfant égaré
Haïssent son enfer ?
Si l’injustice est notre ennemie
Si donc oubli, négligence,
désintérêt, omission, mépris
ont permis son tragique règne terrestre
ont offert au sept pêchés la voie libre
ont causé la chute de multitudes
Alors, apprends aussi aux justes
O Seigneur des Pitiés,
A prier
À espérer le salut de ceux
Qui sont aux affres,
Tombés.