top of page

Les médias

J’ai lu dans la bonne presse
Que le lait c’est mauvais
Et que le laid, c’est le beau

J’y ai cru, par paresse
Que tout mal vient du Russe
Tout poète slave que je fusse

J’ai vu à la vraie télé
Que le chou bio est bien pire
Que la chimie de tout l’empire

J’y ai cru, hébété
Que qui crache à mon passage
Mérite bien mon pays sage

J’ai entendu à la radio
Que la beauté c’était ringard
Que choquer c’était tout l’art

J’y ai cru, comme un idiot
Et voilà tout mon labeur
Marqué d’une choquante laideur

On m’a dit sur les bancs
Que notre passé était fort sombre
Que j’y fis la part de l’ombre

J’y ai cru, naïvement
Et voilà ma couleur de peau
Cause de mon manque de pot

On m’a dit dans les amphis
Quelle était plate, et puis ronde
Que ce n’est pas Dieu qui du ciel gronde

J’ai acquiescé, tout ébahi
Je ne suis de ceux qui feront fronde :
Ce sont donc prouts qui chauffent l’onde

On m’a crié depuis, l’estrade
Qu’on était en trop sur Terre
Que femme c’est mieux que mère

J’y ai cru, camarade !
Ma flamme est devenue secrétaire
Nos enfants reposent sous terre

J’ai appris par les médias
Que le monde est transparent
Pas de pègre, secte ni argent

J’en suis sûr, très doctement
Je vous assure, cher professeur !
Les complots, c’est fausses peurs

On m’a tancé depuis la chaire
En vérité : il nous aime, l’ennemi
C’est nous qui haïssons nos amis

J’y ai cru, tout débonnaire
Nos temples vides sont repris
Nos églises brûlent, ils sont ravis


Or, quelqu’un en rue ma chuchoté
Caché derrière son paletot cendre
Que la vérité est à vendre

Mais moi, vous vous en doutez
J’ai résisté à ces Cassandres
Le vrai en solde ? Je ne m’y laisse prendre !

bottom of page