Le Manteau blanc
Neige, quand tu descends
Apaiser nos souvenirs
Ton duvet doucement
Vient tout arrondir
Les coins durs, usinés
Les angles orgueilleux
Tous se voient émoussés
Par ton dais merveilleux
Tu es signe de paix
Qu’on espérait même plus
Tant le monde flambait
De la rage des repus
Ton voile si lisse
Fait la joie des petits
Sortant sans malice
Jeter des boules, transis
Or ressort le traîneau
Et les chars s’enlisent
Une bûche flambeau
Les marrons qui cuisent
On roule un bonhomme
Et toute arme se givre
En une trêve ou l’homme
D’amitié s’enivre
Oui, comme la branche
De l’olivier survivant
Ta couverture blanche
A promis de tout temps
Ces jours des silences
Ou l’envol des colombes
Fait taire nos stridences
Honore les tombes
Reste, aube d’albâtre
En nos cœurs pleurants
Et ravive les âtres
Qui abritent nos enfants
Parle, couleur de Dieu
A nos âmes noircies
Redessine ces lieux
En rondeurs bénies
Entre, pain de mie
Manne du ciel
Pâle ostie
Don universel
Fonds en nous
Vendange cristalline
Couvrez-nous
Etoiles divines