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Le Livre des Fous

Le Livre des FousEst-ce Toi et ta phalange, Seigneur
Qui fait craquer les troncs dans le vent ?
Sonner le glas du monde, là-bas
Par le simple chant d’un coq ?

Est-ce ta main qui agite les feuilles
Des arbres qui me saluent en silence ?
Ton souffle, qui caresse d’accords parfaits
Mes rares pas sur le chemin des justes ?

Un enfant se cacherait mieux que Toi !
Et pourtant, Tu n’es vu de presque personne
Et la foule passe, la tête ailleurs
Devant les paysages que tu dictes

Je te vois même relever, et pourvoir,
Au pauvre qui attendait si longtemps
Et rabaisser d’un cran les grandeurs
D’un trait hilare de moineau voisin

L’éclat universel de Ton soleil d’or
Veille aux grains, et aux progénitures
Au bambin qui croise loup des bois
Au fruit que l’on cueillerait trop tôt

La plus noire des pensées humaines
Tu la chasse, par des pleurs innocents
Ils me préviennent de l’héritage tragique
Des intentions sombres, qui mènent au crime

Je sais mes compagnons de naïve sagesse
Encore captifs de discours et de potions
Abrutis, au fond de quelque couloir oublié
Offerts sur l’autel de ceux qui T’ignorent

Mais voilà, les insensés veulent m’entraver
Moi aussi, de leurs bandeaux et linges d’aveugles :
L’intelligence d’un Monde faisant sens
Cela se soigne très bien, de nos jours

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