La petite porte
Par-delà les montagnes
Une aube se lève
Et de la terre en pleurs
Jaillit un sarment
Aux tréfonds des bagnes
Un espoir relève
Le captif en labeurs
Aux fers se mourant
Par les chemins creux
L’errant presse le pas
Portant à son cœur
Un portrait oublié
Un banni lépreux
Cloué au grabat
Défie son malheur
Soudain relevé
Une mère sans toit
Couvre son chéri
Et part au loin
Rencontrer son élu
Une terre sans roi
Entre un temps béni
- Sera-ce demain ?
Ou fleurit son salut
Car, une vierge vigne
A porté son fruit
En larmes de sang
Qui sauvent le monde
Et ce monde indigne
Accueille sans bruit
- Caché des méchants
Celui qui nous sonde
O, très douce grâce
Que ce frêle enfant
Car ainsi nous fûmes
Purs et sans malice
Vit encore la trace
De ces jours d’antan ?
Ces biens que nous eûmes
Vierges de tout vice ?
Dieu, en ce haut fait
Veut-il donc redire
Aux hommes qui s’enflent
Son humilité ?
Sans doute est-ce vrai
Que savoir grandir
C’est entrer en Son temple
Le regard baissé…