Je n’ose dire que j’aime
Un sourire, un instant accroché
Cadeau d’une inconnue
À mon regard amusé
Surprise d’un coin de rue
La tierce mourant en seconde
Quand l’harmonie se fend
Et laisse couler l’onde
D’un paradis d’or et de blanc
La senteur d’enfance
Des mies de tarte au citron
Ces cœurs de bombance
Dont Mémé était reine, dit-on
Le tremblement des voûtes
Quand le clairon cuivré
Triomphe sans un doute
Des timbales outrées
La fragrance, parfums ailés,
De la viorne, presque gênée
Qui en bouquets bombés
Me souffle belles pensées
Le galbe rebondi de charme
Qui pointe à travers l’informe
Hanse de tissus en alarme
Face aux ardeurs non conformes
Le grain de lumière qui rit
Pétillant au fond des regards
Des gentes attablées où se vit
Et se dit, le secret de leurs soirs
La flemme apaisée et moite
Après une ripaille inconvenue
Mauvaise pour le corps, soit !
Mais trêve de paix bienvenue
Me laisser tomber en des draps
Après journée à pleine marche
Ou m’attend Morphée, tout tracas
S’effaçant en sa molle arche
Mais j’aime - par-dessus les anges !
Au dernier creux que l’hiver creuse
Le chant héraut de la mésange
Qui m’annonce Reverdie heureuse
Voilà ce que je n’ose dire
A mes chefs, mes maîtres et gardes,
Qui me demandent, sans rire,
Mes ‘centres d’intérêt’, qui tardent…