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Fifty-fifty

Cette nuit, pensant
Seul dans mon lit
A la vie qui passe
Au vide qui grandit

Je me suis mis
À penser au passé
Des mes oncles et tantes
De mes grands-parents

En ce temps-là
C’était assez simple
Une femme par homme
Un homme par femme

Un amour, un mariage
Liens forgés à vie
Comme l’anneau unique
Jumeau d’un autre doigt

Ah-làla, me direz-vous
On en est plus là !
De nos jour tout le monde
Est libre d’aimer !

Ah bon ? Vraiment ?
Il me semble pourtant
Que cette ‘libéralisation
Du marché’ de l’amour :

A consacré, devant l’autel
Comme en place du marché
Le triomphe gourmand
Du ‘serial-lover’

Moulte gentes dames
- L’usure du désir
Se voient délaissées
En charge d’enfant

Moult gents messieurs
Se voient répudiés
Dés qu’un bambin
A chérir, est en route

Une bonne part
Reste à attendre
Un train suivant
Sur le quai de la vie

Car dans ce train mourant
Certains ont pris toute place
Et d’autres s’accrochent
Se prennent pluie et vent

Ah, me direz-vous,
Ce sont les losers,
Les moches, les pauvres
Les simples, les courts !

Fuis par le désir,
Comme par l’amour
Ils n’ont qu’à draguer
En eau plus profonde !

Sans doute, sans doute…
Mais ce genre de cri
De guerre lassante
Mène aux champs arides

Cas nos plaines se vident
Et nos maisons aussi
Seuls quelques ‘super-users’
S’en paient plusieurs

Et leur ‘sans-gène’
Prédateur et dominant
Nourrit ce monde sec
Vidé, combattant ?

Et les mères ont rejoint
La cour des banquiers
Elles s’affairent sans fin
Salaire contre bébé

L’amour est plus dur
Plus régulé sur les bancs
Des huissiers, des jugements
Où êtes-vous, pardon et tendresse ?

Et puis : ces enfants
Nés d’on ne sait trop qui
Qui cherchent la bonne clef
Pour cette semaine, paire

.
Or, par opposition
- Attention ! Pensée libre !
Le ‘moitié-moitié’
Des anciens temps :

Collait bien aux nombres
Nés en chaque nature
Vue que fifty-fifty
Egale une pour chacun

Et l’on se mariait
A son premier amour
En ces printemps
Du corps et de l’âme

Amour qu’on dit plus fort
Qu’une énième redite
Car il plonge ses souvenirs
Dans la grâce de cœurs jeunes

Il y avait des bals
Populaires ou de palais
Cendrillon comme Bécassine
Y trouvaient leur prince

De belles images, partout
- trouvez-en une aujourd’hui !
De foyers clairs, heureux
Espoir, courage et inspiration…

Il y avait bien sûr
D’autres maux, esclavages
Unions fades ou en guerre
Un peu comme maintenant…

Et la fidélité
Comptait sur le bonheur
De vieux jours partagés
Rêvant de nos débuts…

.
Bon, je vous laisse
A notre nostalgie
Ou à votre mépris
Je vais me recoucher !

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