Don des villes
Un ami cher m’écrivait :
Quand tu viendras
Nous errerons ensemble,
dans le don des villes…
Le don des villes ?
C’est exactement cela !
Se perdre jusqu’au matin
dans le tissu fou des ruelles
Ne pas oublier le soleil
à travers les murs penchés
Sentir comme la vie, et courir
Les fruits étalés de pourrir
À en enivrer les mouches
Que chassent un geste bleu
Je me retiens de mourir
Parmi ces tissus de feu
Où le vent cherche ma perte
Oublie mon souvenir à Dieu
Une porte noire me coupe net
Et l’élan et le regard brulé
Mes yeux se lèvent, esclaves
Soumis à l’œuvre des Maîtres
Est-ce toi, vent délié ?
Est-ce toi, lumière d’eau ?
Aviez-vous des mains,
Pour tailler à vif cette beauté?
Même les enfants pauvres sont
Tels des princes de rang
Leurs traits sculptés d’or,
De sable et de sueurs nobles
Les étoiles, tremblantes de gloire,
Suivent tous nos chemins
Mais elles nous toisent
de très haut et si loin
Alors qu’en bord de route,
un chien brisé me regarde,
pleurant de ses joues grises
pour un peu d’eau ?
Oh mon Dieu, le bien
Est plus tragique que le mal !
S’en perdre est laisser tomber
À la mer un trésor de nacre
En ton jardin blanc promis
Comme l’ami qui un jour
me visitera souriant,
On sait encore se tromper
Les fleurs simplement alors
Se tournent vers notre faute
Lui rappelant leurs épines
Et redonnent, parfumées, leur nectar
Si là-haut tu jettes une pierre
Par simple oubli de ta folie
Elle fait le tour du monde
Car c’est toi, sa cible
Plus de tambours, ni timbales !
Peut-être quelque grondement glorieux
Car la guerre et ses balles
Dorment à jamais sous l’herbe
Chaque jour, en rade du port
On attendra les nouveaux-nés
Débarquer des vaisseaux de lumière
Courir en pleine joie
Suis-je tombé mort ?
Au tournant d’une page
Double telle un reflet ourdi
Ou, suis-je tombé vers toi ?