D’amis à nous
Amis! À nous !
Nous coulons, oubliés
Entre les touches
Épis de blé
D’une récolte délaissée
Nous sommes la part
D’un Dieu abandonné
Méprisés de tout regard
Gouttes de pluie fine
Sur nos terres assoiffées
Sillons de famine
Bouche avide, bée
Amis ! Un de vous
Se taira-t-il encore
Face aux lèpres, aux tares
De nos temps d’airain et d’or ?
Le lingot en leurs coffres
Dort d’un sommeil plus serein
Que celui du pauvre, qui offre
Ses bras et sa vie au pétrin
Graines, myriades négligeables
Arbres honnis, scions rejetés
Croissant d’ombres formidables
À nos rives et murs campés
Amis ! Un, deux mots !
L’eau - qu’aille boire le puissant !
Soit celle qui nous vient d’en-haut :
Parole du seul Dieu vivant
Bienheureuse, sainte patère !
D’amis, à nouveau réunis,
Tu nous fais à nouveau, frères
En ce Cana tant promis
Qu’amis à nous soient accordés !
- Cœur consolé, âme guérie
Tel des chemins retrouvés
Aux rives d’une mer chérie