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Couleurs du Parc

Un ciel penché, grisé
Des vents frileux, roublards
Chassent encore une feuille
Chiffon roux attardé

Des rails luisent, obliques
Coupant le flot enflé
Des pavés bleus bosselés,
Troupeau de place royale

Des Commis d’État, pressés
D’aller luncher, vert et léger
Refoulent leur écharpes
De tweeds carmins rayés

Quelques Chinois, rouges élus
Se courbent souriants
Sous des vents blancs glacés
Soufflés loin d’orient

Les rangées d’arbres noirs
Tendent leurs mains brunes
En touffes sèches et drues
Telles des promesses chues

Des lions d’or vaillants
Se reposent allongés
Comme des rois fatigués
Sur les socs en pierre blonde

Les grilles de fonte rongée
Dressent leurs piques dorées
Flammes d’airain alignées
En régiments des siècles

A travers cette haie d’honneur
Une épiphanie de colonnes claires
Les grès de miel frais rasés
D’un palais fier et ample, veillent

Les quartiers d’herbe en peine
Vert tardif, osent déjà rappeler
Les pointes du printemps proche
Jacinthes de feux étoilés

Une ribambelle de petits rats
Sous leur capuches arc-en-ciel
Pressent le pas, poussant, tirant,
Cris de joyeux train d’enfance

Des pandores ont fière allure
Droits, en uniforme ultramarin
Déambulant dans l’air pur
Veillant aux mauves larcins

Un bataillon de chats ventrus
Délires de bronze d’un zinneke
Hilares, au passant jouent un tour
De leurs bedons vert-de-gris

Des statues de vénus posent, nues
Sous les regards oublieux
De leurs charmes si peu vêtues
Elles regardent au loin, usées

Blotti au creux d’un bosquet
Un pavillon d’allure antique
Cache en ses loges vermillon
Les légendes d’un soir de scène

Tout ce décor noble, aligné
Où Roi et Peuple se font face,
Par savants traits, par sages traces
Œuvre aux jours en subtiles clartés

Les couleurs sable, fronde et glace
Cisèlent un élégant tableau
Tapis en son écrin de belles faces
Ce Parc m’est toujours un cadeau

Moi donc, je fais ma ronde
Le nez en l’air, rosi
L’oreille aux vents vifs, bleuie
En fredonnant, je ris

Car sous ma barbe poivre et sel
Indigne d’un Aurèle, d’un Sévère,
Se rit encore un vieux gamin
Joufflu de Geuze, Kriek et Lambic

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