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Comme un Psaume

Qui d’entre nous se tiendra
Fier et droit et en ordre
Quand Tu sonderas nos vies ?

Car alors, sortiront du désert
Comme des exilés,
Aux noms presque effacés
Nos oubliés et nos abandonnés
En rade de nos vies de forts, de belles

Car Toi, tu n’as pas oublié
Toi, tu as marché
avec eux chaque jour
Sous la brûlure des rues indifférentes
Devant les portes que l’on ferme

Et alors aussi,
On se rappellera le rire partagé
Aux temps de l’enfance simple
Quand un seul pleurait
Sous les coups, et disparaissait
Dans la nuit de la honte

Mais Toi, tu as pleuré
Avec les petits, invisibles
Ou risibles, au choix
Qui se firent scier les jambes
Pour être à la hauteur de nos égards
Golgotha en creux,
Chemin sans traces ni icônes

Toi, tu avais le regard penché
Vers le malheur du monde
Du haut de ton trône de jaspe
Où est-ce juste un pieu de bois ?

Nos groupes tacites, nos clans contents
Nos tables pleines - pas une chaise vide !
Pour un passant sans pain

Toi, tu traces un sillon dans le sable
Un signe pour guider l’égaré
Vers le port libre
Signe, que les vagues emporteront
Que le vent comblera

Mais nous, nous avons tous gravé
Dans le marbre, amassé
Des griffes au burin d’acier
Des plaies que ne survivent
Que les porteurs de couteaux,
de barreaux de fer

Et ces autres,
Aux vies de misère et d’ombre
Qui ont porté sans bruit
nos paradis écrasants :
As-tu laissé meurtrir leur cœur
Pour de la pierre faire une chair ?

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