Le Poète fou
Voleur du Feu
des dieux en berne
Tu déchires vif
notre chant terne
Tu es de ceux qui,
de soif pure,
Raient le poncif,
l'enluminure
Sans pied, ni rime,
tu vogues aux vents
De vers trop ivres
d'aimer autant
La vie qui trime
dans les sous-sols
Ou l'on se livre
aux espoirs fols
De lendemains ceints
d'aubes crues
Nos poings serrés
défiant les rues
Déserts urbains
et scènes avides
Tes sens sevrés
de lois arides
Te font rêver
d'antans bénis
Ou l'or fut liens
d'êtres chéris
Tu veux relever
du blé la paille
Sauver les tiens
malgré cette maille
De filets d'acier
qui lacèrent nos peaux
Transies de suées,
soumises aux drapeaux
Ces ordres oubliés
que fou, tu braves
Malgré les huées,
brisant tes entraves
Ces maillons épars
tu les soudes enfin
En des vers légers
ciselés d'air fin
Et sans crier gare
tu me mets en route
Sur ces minces sentiers
où même le for doute
De ses droits divins
à bâtir des tours
Dont l'ombre écrase
les modestes séjours
Les pleurs et chagrins
des pauvres, des petits
Tu les ceins, en une phrase,
de couronnes de gui
Et pour clore le tout,
l'encre te démange
Mais, ta bouche encore
dit ce mot étrange
Qui toujours et partout
donné en partage
A défié la mort,
vainqueur d'âge en âge :
Amour !
Qui nous tiens
accrochés à la vie
Tes lèvres, ta plume,
et ta Muse amie
Nous le chantent si bien,
qu’un infime instant
Notre regard s'allume
d'un Feu survivant !
Dimitri Arnauts
Le 26 Avril 2021