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La gamme du Fol

Six heures presqu’ont sonné !

Voici petit sonnet,

Marchant sur ses six pieds

 

Mon patron est parti,

Les collègues sont sortis,

M’en voici fort marri

 

A moi de m’occuper,

Non à boursicoter,

Mais à bien versifier

 

Or, quel poème hâtif,

Rempli d’infinitifs !

Un jeu d’esprit chétif

 

Allons donc, je m’applique

A la bonne métrique

D’une rime en musique

 

Personne ne donne le la?

Je commence donc, en fa !

Voyons ou cela ira:

 

FA

Il était un grand roi,

Qui veillait à la loi

D’un royaume du grand froid

 

SOL

Un jour vint sur son sol,

De la campagne, un fol

Portant d’un moine l’étolle

 

LA

Mais, qui donc que voilà?

Es-tu donc un prélat,

Fort de ce vêtement-là?

 

SI

Le fol lui  répondit:

Sire, je suis fort marri

Car presque fus occi!

 

DO

Pourquoi donc, pauvre sot?

As-tu volé l’écot

Du prêtre d’un hameau?

 

RE

Nenni, ô Majesté

Jamais rien n’ai volé

Du curé, c’est juré!

 

MI

Simplement, il  m’a dit:

‘Vu l’hiver que voici,

Ne reste engourdi!’

 

FA

‘Voici, contre le froid,

Une robe digne d’un roi!

La mort te laissera…’

 

 

Morale de ces vers:

Un fol nous a bien l’air

De mériter l’amer

 

Mais, c’est grande chance

Que, par Dieu – Providence! -

Il trouve sa pitance

 

Vous, qui êtes bien au chaud :

Pensez donc au durs maux

Du fol de votre hameau

 

Ne lui jetez la pierre,

Par chemins où il erre,

Car à lui sera terre!

 

Promesse d’un Dieu gentil

Aux faibles en esprit:

A vous pourvois aussi!

 

Afin que les chanceux,

Devenus orgueilleux,

Enfin ouvrent les yeux

 

Voyant le Roi des Rois,

- Qui à personne ne doit -

Sauver un fol du froid…

 

 

Dimitri Arnauts

Le 14 Octobre 2010

 

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