Etoiles or et sang
Las, dîmes-nous,
N’avons-nous à entendre
D’autres noirs courroux,
Que ces sombres Cassandre ?
L’archipel du Goulag,
Passés sous les manteaux,
Dénonça ces Stalags,
Que l’on taisait plutôt
De Lénine et Staline,
Ecarlates oripeaux
D’une étoile maline,
Qui trônait, tout en haut
Non cachée des regards,
Cette étoile du matin,
Des tourelles des Tsars,
Des palais du Kremlin
Etendait son empire
Par-delà le lointain,
Commanditait ses sbires,
A servir ses desseins
Certes, irez-vous dire,
Ils visaient le bonheur !
Quand bien même : est la pire,
La corruption du meilleur
Mûs par grands idéaux
Très tôt fort contrariés,
Ils se tournèrent bientôt
Vers l’acier déchaîné
Assailli de toutes parts
Par des royaumes inquiets,
Ils s’allièrent au Noir,
Alors qu’ils rouge aimaient
Vivant lors d’artifices,
De bonheurs enscénés,
Ils tramaient maléfices
Contre ceux des marchés
Poussant à la révolte,
Des peuples accablés,
Faisaient vite virevolte,
Les rendant prisonniers
En des camps ,si sordides,
Déportés bien au loin ...
N’étions-nous trop candides:
On n’en revenait point !
Une journée, en ces lieux,
Témoignait du contraire
Des discours élogieux,
Louant ces trous d’enfer
Artistes et philosophes
Se pressaient aux portails,
Pour encenser, par strophes,
L’innommable en rimailles
Lors que, par leur barreaux,
Les prisonniers amers,
Lisaient sagement journaux,
Les tenant à l’envers...
Par ce signe habile,
Ils espéraient, sans mot,
A ces hôtes serviles,
Dénoncer leurs bourreaux
Mais rares ceux qui surent,
Témoignant de bonne foi,
De retour en lieux sûrs,
Elever de la voix
Il fallut long attendre,
Après mort des tyrans,
La grande plume d’Alexandre,
Qui parla par romans
Je rends ici hommage
- Sans verve ni talent -
Au courage de ce sage,
Qui sut défier son temps
Par grand cœur, et belle âme !
Il décrit, en reclus,
Les saisons du vil blâme,
Qu’infligeaient aux vaincus
Commissaires, de quel peuple?
Luminaires, du progrès?
Qui, sans merci, dépeuplent
Sans pitié, ni regrets
Famine tenant esclave,
Par terreur faisant taire
Les descendants des Slaves,
Et les peuples, par la terre
Mieux vaut-il qu’on amasse,
Que soient jetés aux fers,
Qui, dans de doctes nasses,
Tinrent les pauvres en misère?
Mieux eût fallu inclure,
En des réformes sages,
Ci-devant - d’or et bure,
Et non tuer par rage !
Qui, par seule naissance,
Trônait dessus son camp,
Régnait par la puissance,
Méprisant pauvres gens
On ne fait table rase,
En détruisant autant,
Qu’à la fin, on écrase
Ses propres bonnes gens
Si l’on est sans pitié,
Pitié on ne mérite
Plus on a sang versé,
Tant vengeance on hérite
Quand le sang
venge le sang
Dimitri Arnauts
Le 13 Octobre 2010