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Les Bons Souvenirs
 


Une Heureuse Nouvelle

Longeant des sentiers clairs
Nous aimions ta parole
Ton être m’était si cher
Ras d’amour vrai et fol

Mon coeur cherchant l’espoir
Tu y plantas une graine
Portant du fruit bien tard
— Passées les hontes vaines


Bras Dessus-Dessous

Quelle force et quelle joie
Quand des amis s’en vont
Chantant à pleine voix
Brisant le vent de front

Leurs bras entrelacés
Ressemblent à des noeuds
Que nul n’oserait couper
— Liés par secrets voeux


Chatons Espiègles

Pointant leurs museaux fripés
Caressés d’aube douce
Nos jeunes félins du panier
Jaillissent et se trémoussent!

Bondissants si hauts et fiers
Ils tourneboulent l’herbe tendre
Mais l’appel doux de leur mère
Au sommeil vient les rendre


Chemins d’Ecole

Le vent claque la porte
Derrière nos dos courants
Se jouant de la sorte
Du regard des parents

Qui nous croient partir
Seuls sur ces routes de sang
Ils voient l’enfant mourir
Or nous marchions gaiement


Derrière un Pilier

Dans la pénombre sainte
De ces antiques voûtes
L’émotion m’a étreinte
Et a éteint mes doutes

Nos juvénils tumultes
Se turent à ton écoute
Ce coeur encore exulte
D’y avoir pris ta route

L’ennui

L’esprit lourd et las
Je me traîne aux abords
De lacs ternes et froids
Parlant bas à la Mort

De cette seule existence
Qui a mon corps s’est mal liée
— Non loin de moi l'on danse
Mais je ne suis pas convié


Les Grandes Orgues

Seul sur le banc délaissé
Contemplant ce vil plomb noble
Mille tuyaux fiers dressés
Contre nos orgueils ignobles

Soudain ton souffle les anime
Et du buffet de chêne ouvré
Descend sur moi l’oeuvre divine
— Enième don immérité


Les Meilleurs Amis

Je me souviens de ton sourire
Sous la lueur d’un feu vrai
Repondant à mes secrets désirs
De ce seul et tendre trait

Nous mangions à bouche pleine
Pommes amères à peine cuites
Je te rêvais comme seule Reine
Et moi, le Page de ta suite


Moustiques Nocturnes

Qui a donc ouvert la fenêtre
A ces bestioles qui sans répit
Me narguent et m’empêtrent
Dans ma rage toute la nuit?

A l’assaut de mon corps transi
Ils reviennent sans cesse
Se laver de mon sang bleui
Je les frappe par pure détresse!


Oiseaux du Soir

La nuit s’avance au jardin
Et nos amis ailés s’endorment
Le clocher compte l’heure au loin
Par delà les hêtres et ormes

Leurs derniers chants s’épuisent
En quelques trilles allongées
C’est donc cela l’heure exquise
Que les poètes ont chanté?


Pauvre Roux

Tes bons yeux verts n’ont su suffire
Face à l’aveugle cruauté
A t’éviter ce long martyre
Que tes boucles ont inspiré

Tous tes pleurs jamais sêchés
Et nos coups pour en finir
Pourras-tu les oublier
Sans un chant de repentir?


Poule et Poussins

Maman poule d’un pas fier
Traverse notre beau jardin
Sa fierté date bien d’hier:
Jour où ont éclôt ses poussins!

La plumée de petits rebelles
S’attarde et puis la ratrappe
— À leur vie courte mais belle
Que la mort tôt ne les frappe!


Rêves Héroïques

Nos exploits ne furent jamais
Si grands que dans nos rêves
Les amours que l’on voulait
N’y prenaient fin ou trève

Mais chaque réveil avait tôt fait
De briser ces visions à leur comble
Seul leur souvenir me restait
Un temps — puis s'effaçe leur ombre


Schild en Vriend

Lion des Flandres empatté,
Prends garde à ces coups d'épée!
Ce Lys de France azuré
Parviendra-t-il à te dompter?

Aie le mot juste et entre alors
— Ami des gueux boûtés de France —
En notre camp de Sable et d'Or
Sois de ton peuple la conscience!


Selon ta Mesure

Après tant d'années de vie
Je me suis mis à comprendre
Cette sagesse tant honnie
Qu'une croix la vit pendre:

Que nul pour juge ne se prenne
Des menus méfaits d'un autre:
Il se peut que ce jour vienne
Ou se verront toutes nós fautes..


La Siëste

A travers la vitre embuée
Je regarde passer la vie,
Ces joies à jamais manquées
Alors que moi je m'ennuie

A compter le temps qui traîne
Rêver d'autres souvenirs;
Faire la siëste est bien ma peine
Je finirai par m'endormir...


Têtes de Turc

Ô face rougie de pleurs
Cette ritournelle hargneuse
A ceint tous tes malheurs
De nos jeunes bouches haineuses!

C'est aussi moi, je le confesse
Qui t'ai ainsi moqué
Je t'ai laissé dans ta détresse
De tous être la risée


Un air de Basile

Chez nous sonnaient matin et soir
Les roucoulades pleines d'énergie
— faisant trembler notre manoir
Des airs joyeux d'Italie

Si j'avais su lire ces livrets
J'aurais appris que Comédie
— Ne point parler et vivre vrai
Nous livre vite à Tragédie...


Courage, Petit !

Des profondeurs vers tous tu cries
Mais nul ne te regarde
Tu descends — ils s'élevent et brillent
Et seule la nuit te garde

Or que ce jour t'advienne
Où tu secoueras honte et pleurs
D'une vie amère et chienne
Lors tu vaincras par bonheur!


Dimitri Arnauts
Le 12 octobre 2017

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