Âmes Assiégées
Mon âme!
On te force à marcher
toujours avant, vers le gouffre
Béant et noir,
on le dit inévitable
Mon âme!
On veut t’y réduire,
devenir ombre sans lumière
Fuyant leur oeil avide,
exilée en toi-même
Mon âme!
Te voici prise au piège
Ton corps n’est plus tien,
Ils reviennent charger, chaque jour
Te marquer, du sceau infâme
Mon coeur, mon souffle,
mon être en entier,
n’en veut pas !
Leur impérieuse nécessité,
ce leurre inavouable
Je veux revoir le ciel
— bleu, pur, libre et clair!
Que reste-t-il
du jardin merveilleux,
que Tu nous confias,
afin d’y vivre heureux?
Tes oeuvres plongent en l’infini,
elles s’élèvent vers l’éternité,
mais nous aimons les haïr
— dévorant sans pitié !
Moi, j’ai couru, hier encore,
à travers ces vertes prairies
parsemées de mille couleurs
Mais toi, tu gis et gémiras,
sous une voûte morne et terne
Fruit délaissé de notre désir,
nous pardonneras-tu?
L’orgueil s’érige, triomphant,
destructeur jamais détruit
Astres mortels, en leurs étages
défiant Dieu, la Terre, l’Humanité
Rutilantes machinations serviles,
— métal plutôt que chair
Poison en une eau pure —
déferlent sur l’Eden muet
Arguant notre obsolescence
Déracinée, sans égard,
Tu es menée vers ta fin
Les choses se sont promises
la Terre en héritage
Otes-toi de là!
fuis — tant que tu vis...
Mais Toi, que j’ose supplier:
viens nous sauver!
Dimitri Arnauts
Le 29 Janvier 2020